II: NOTRE CORPS. NOS SENS
PRIÈRE
(récitée et mimée par les auteures qui, en terminant, allèrent donner l’accolade à toutes les autres participantes, assises en cercle autour d’elles)
J’entends
J’entends le doux murmure des femmes
Leurs paroles de joie et de tendresse
J’entends le soupir des femmes
Et leurs plaintes bâillonnées
J’entends le cri des femmes
Leur rage, leur révolte
Leur victoire
Cri d’enchantement
J’entends la peur des femmes
La peur des ruelles menaçantes
La peur des maisons violentes
J’entends le chant d’espérance des femmes
Leur voix mélodieuse et forte
Leur rire qui renverse, cavale, fleurit
J’entends le choeur des femmes
Et, à travers elles, c’est toi que j’entends
Je vois
toutes les femmes en cette femme
Je vois tous mes désirs dans leurs regards
Je vois la vie étouffée dans tous ces corps malmenés
Je vois notre histoire, mon histoire dans
ses rides, ses mains, son ventre, sa chevelure
Je vois un monde à faire femme,
Un monde à faire Dieue.
Merveilleuse est la vie quand je vous sens accessible
Qu’il est bon de vous sentir auprès de moi.
Ma soeur, caresse ma tête et libère ma peine,
Douce amie, je t’en suis gré et te couvre de baisers
Nous nous frôlons coeur, tête et mains;
Nos vies s’emmêlent
Un divin frisson parcourt notre corps,
II monte en notre âme et l’irradie.
Je goûte
la joie et la plénitude divines
Dans l’amitié de mes sœurs
Amitié à la saveur de pêche mûre, juteuse, qui me désaltère
Dans le lait des femmes qui nourrit tant de vies nouvelles
Dans les pommes de la complicité féministe
qui me font croquer la vie à belles dents
Dans le miel de la tendresse qui éveille toutes mes gourmandises
Dans les longs baisers de mon amoureux aux saveurs de vin de Bourgogne
qui me font goûter les plus douces extases.
Louise Lebrun, Louise Desmarais, Christine Lemaire,
Marie-Andrée Roy, Danielle Savard