RENCONTRE EUCHARISTIQUE LE SACERDOCE DE DEUX FEMMES
Monique Dumais
En ces jours-là, Marie partit et se rendit en hâte vers le haut pays, dans une ville de Juda. Elle entra chez Zacharie et salua Élisabeth. Or, dès qu’Élisabeth eut entendu la salutation de Marie, l’enfant tressaillit dans son sein et Élisabeth fut remplie du Saint Esprit. Alors elle poussa un grand cri et dit: «Tu es bénie entre les femmes et béni le fruit de ton sein! Et comment m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne à moi? Car, vois-tu, dès l’instant où ta salutation a frappé mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en mon sein. Oui, bienheureuse celle qui a cru en l’accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur!
Marie dit alors: «Mon âme exalte le Seigneur, et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon Sauveur, parce qu’il a jeté les yeux sur son humble servante. Oui, désormais toutes les générations me diront bienheureuse, et le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses. Saint est son nom. et sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Il a déployé la force de son bras, il a dispersé les hommes au cœur superbe. Il a renversé les potentats de leurs trônes et élevé les humbles. il a rassasié de bien les affamés et renvoyé les riches les mains vides. Il a porté secours à Israël son serviteur, se souvenant de sa miséricorde, – ainsi qu’il l’avait promis à nos pères, – en faveur d’Abraham et de sa descendance à jamais!»
Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle. Luc 1, 39-56
Une femme part, quitte un lieu pour aller à une rencontre. Elle a décidé de rendre visite à une autre femme. Elle a ressenti un appel qu’elle ne néglige pas, qui est fulgurant, impérieux même. Je dois aller visiter ma cousine devenue, elle aussi, enceinte mais à un âge avancé. Car rien n’est impossible à Dieu! rien n’est impossible à Dieu! répétons-le plusieurs fois. Le savons-nous assez? Non, nous ne cessons de douter, de craindre. Pas de changement, tout peut s’effondrer, pensent les rocs institutionnels, – ils se sont édifiés en rocs inattaquables… Mais, une jeune femme n’a pas de crainte, elle part, en hâte, tout la presse, elle a reçu un appel, plus de délai à la réalisation de sa mission. C’est l’envoyé de Dieu qui le lui a fait savoir. Les désirs de Dieu doivent se réaliser. La région est montagneuse, périlleuse peut-être, peu importe, elle doit la franchir, seule? nous n’en savons rien. elle avance… sans s’arrêter à tous les questionnements que des siècles misogynes ont creusés.
Marie arrive chez Élisabeth et la salue. Tout éclate dans cette salutation. L’enfant d’Élisabeth tressaille dans son sein; c’est une exultation intime et forte. La vie se débat et s’affirme. L’Esprit-Saint s’en mêle et remplit tout l’être d’Élisabeth. La ruah est de la partie et affiche sa puissance. Rien ne peut arriver sans elle.
Elle fait dépasser toutes les craintes, c’est elle qui sait où est la vérité, elle connaît les perspectives d’avenir, elle fait advenir les orientations vitales en toute liberté. En toute liberté, car rien ne doit brimer les voies de Dieu. Elles ne sont pas les voies humaines qui ont parfois, souvent même, des logiques mortifères. Pour Dieu, la vie doit vibrer au rythme de la liberté. Les humains ne savent pas bien ce qu’est la liberté. Ils s’en servent à outrance.
Un grand cri envahit Élisabeth, elle, cette femme d’un âge avancé. Elle n’arrête pas son cri: «Tu es bénie entre les femmes, et béni le fruit de ton sein!» La bénédiction s’étend dans cette maison., C’est la reconnaissance de tous les bienfaits qui demeurent. L’eucharistie déploie son chant et remplit l’espace. La bénédiction, la berakah, couvre de son aile tout ce qui l’entoure. Une femme se livre à l’action de grâce. Elle n’en finit plus de découvrir les splendeurs divines, elle les accueille avec grâce, elle devient consciente de tout et s’émerveille. Les deux enfants de l’avenir se sont rencontrés. Le précurseur a senti la venue de Celui qu’il annoncera. Deux femmes préparent les voies du salut. Elles sont fortes, pleines de foi, d’espérance. «Oui, bienheureuse celle qui a cru… Deux femmes célèbrent la vie, l’offrent au monde. Rien ne les arrête. Elles ne cessent d’offrir au monde lumière et force. Les chants d’exultation, les mots eucharistiques leur conviennent à merveille. Le Magnificat est offertoire, consécration de leurs vies pour la gloire de Dieu et le bien du monde.