SAVIEZ-VOUS QUE…
Marie-Josée Riendeau
La documentariste britannique Kim Longinotto a passé 10 semaines dans l’une des 200 régions les plus pauvres de l’Inde. Elle était à Banda pour documenter le modus operandi de l’avocate Sampat Pal Devi et de sa singulière escouade qu’est le gang des « saris roses ». Ce mouvement a été fondé en 2006, dans un pays où les traditions ont plus de poids que la loi. Ses membres, des femmes des basses castes, n’hésitent pas à brandir le bâton si nécessaire pour faire respecter la loi et leurs droits.
Pour Kim Longinotto, Mme Pal Devi est « un personnage incroyablement intrigant et contradictoire ». Mariée de force à 9 ans et mère à 13 ans, elle a décidé un jour de quitter son mari et sa belle-mère capricieuse pour poursuivre ses études. Dès lors, cette petite femme autoritaire est devenue une justicière atypique. Elle confronte et rappelle à l’ordre les agresseurs des jeunes filles au bord du suicide et des femmes violentées qui, de jour comme de nuit, réclament son aide.
Source : La Presse, Montréal, vendredi 12 novembre 2010.
L’illustratrice Élise Gravel a choisi de critiquer par le biais de l’humour l’univers des magazines féminins. C’est le 18 novembre dernier qu’est sorti en librairie son faux magazine féminin, Nunuche Gurlz, qui s’adresse aux filles de 13-18 ans. Cette parodie des publications destinées au public féminin se veut un outil pour développer l‘esprit critique des adolescentes.
Mère de deux fillettes, Mme Gravel n’aime pas ce qu’elle lit dans les magazines féminins. D’ailleurs, elle souligne que faute de distance, les jeunes filles de 8, 9, et 10 ans qui lisent les magazines destinés aux adolescentes de 15 ou 16 ans prennent tout au premier degré. En ce sens, elle estime que ces magazines sont responsables de l’hypersexualisation chez les jeunes.
Finalement, pour Mme Gravel, travailler au faux magazine Nunuche Girlz lui permet d’aborder, sans connotation éducative apparente, des thèmes comme le culte de la beauté et de la minceur. Elle souhaite « qu’on associe le message critique et féministe à quelque chose de cool, pas à quelque chose de “plate”.
Source : La Presse, Montréal, jeudi 18 novembre 2010.
Plusieurs évêques anglicans ont claqué la porte à l’Église d’Angleterre parce qu’en 2014 des femmes deviendront évêques. C’est la recrudescence des femmes dans la hiérarchie de l’Église qui a envenimé la discorde entre libéraux et conservateurs anglicans. En effet, les femmes portent la soutane depuis 1994 et, aujourd’hui, elles représentent 50% des candidats à la prêtrise. Enfin, lorsque la réduction de l‘autorité des futures évêques qu’ils ont demandée a été refusée, cinq évêques et cinquante prêtres anglicans ont rendu leur soutane.
Malheureusement, en janvier 2011, les apostats ont été accueillis par Benoît XVI qui, en 2009, avait créé une structure d’accueil pour les anglicans qui s’opposent au virage libéral de leur Église. Parmi les primats qui ont apostasié, le principal antagoniste à l’ordination des femmes, John Broadhurst, a renoncé à son titre d’évêque de Fulham pour devenir prêtre catholique. D’ailleurs, ce réfugié ecclésial est pressenti pour diriger un diocèse destiné aux anglicans convertis. Il assure que le fait d’être marié et père de famille ne cause aucun problème au souverain pontife.
Toutefois, le directeur du département de théologie de l’Université de Nottingham, John Milbank, assure que ce mouvement des troupes « est marginal. Seulement 3 % des paroisses s’étaient dispensées des femmes prêtres en 1994 ». Toujours selon le théologien, l’Église catholique est un refuge précaire pour les traditionalistes puisque « Les catholiques en faveur des femmes prêtres constituent la majorité silencieuse” et que le pape a serré la main d‘une femme prêtre lors de son séjour à Londres.
Source : La Presse, Montréal, mercredi 1er décembre 2010.