Depuis plusieurs années, un thème annuel est déterminé lors de l’assemblée générale annuelle de la Collective. Tout au long de l’année, les femmes sont appelées à réfléchir ensemble à ce thème dans leur groupe. Lors de la grande rencontre du colloque l’année suivante, les groupes présentent leur vision du thème. De ces travaux peuvent émerger une célébration, des réécritures et/ou des articles dans la revue. Nous présentons ici quelques thèmes annuels qui pourront inspirer votre recherche sur notre site.
2020-2021 : La collective et les féminismes des années 2000
2019-2020 : Réflexions sur la pandémie
2018-2019 : Les abus sexuels dans l'Église catholique
2017-2018 : L'incarnation de la Sagesse
Cette Sagesse créatrice est agissante et s’incarne dans nos quotidiens, dans la réalité actuelle et ordinaire de notre humanité. En ouvrant les yeux, on peut découvrir ses pousses manifestes chez nos contemporains.nes. Elle est active et solidaire des personnes en quête de « vie en abondance ». Au commencement, la Sagesse était. Dans le Livre des Proverbes, la Sagesse prononce 3 discours aux portes de la ville, lieu habituellement réservé aux prostituées… (Chap. 1, 3 et 8). Elle est surtout révélée dans la Création de l’Univers et des humains (cf. Pr 8,12-31).
La nouveauté du NT n’est-elle pas la figure même de la Sagesse qui prend chair et sang, qui célèbre l’humanisation et non seulement la divinisation de l’humain ? Le Christ, Sagesse de Dieu, est représenté chez St Paul : « mais nous, nous prêchons un Messie crucifié […] il est Christ, Sagesse de Dieu et Justice de Dieu » (1 Co 1,24). « En s’incarnant, en ressuscitant, en infusant son Esprit, la Sagesse Éternelle a fait jaillir la source d’énergie qui permet de le suivre sur la route… » (Dumoulin p. 11). Bref, la Sagesse est la manifestation de Dieu et sa réception dans les cœurs. Voilà pourquoi elle s’enseigne comme un art de vivre.
2016-2017 : Une théologie écoféministe
Des théologiennes écoféministes comme Sallie MacFague, Elizabeth Johnson13, Ivone Gebara14, Heather Eaton15 particulièrement ont également contribué à élaborer leurs intuitions et à renforcer ces pratiques. Pour MacFague, par exemple, on doit se considérer comme des colocataires de la Terre et non des propriétaires afin que tous ses habitants-tes puissent nourrir, vêtir, abriter, faire grandir et réjouir celles et ceux qui l’habiteront après nous. Pour cette théologienne, Dieu n’est pas dans sa transcendance face à un objet, mais l’univers est son corps. Ce modèle de l’univers comme corps de Dieu unit l’immanence et la transcendance16. Pour elle, la crise environnementale est théologique, elle est « un problème qui vient de la perception de Dieu et de nous-mêmes qui favorisent ou autorisent des gestes injustes et destructeurs »17. Dans ce même livre, elle note que les cosmologies traditionnelles voyaient Dieu comme un agent extérieur pour faire exister toutes les créatures alors que la nouvelle cosmologie présente Dieu comme une cause interne, une présence immédiate au déploiement de l’ensemble de l’univers : « le modèle écologique marque le passage non pas d’un Dieu au monde, mais d’un Dieu distant relié au monde de l’extérieur […] à un Dieu incarné qui est la source de la vie et de l’épanouissement du monde »18.
13 Elisabeth A. JOHNSON, She Who Is: The Mystery of God in Feminist Theological Discourse. New York, Crossroad, 1993, 347 p.
14 Ivone GEBARA, Longing for Running Water: Ecofeminism and Liberation, Minneapolis, Fortress Press, 1999, 230 p.
15 Heather EATON, Ecological Awareness. Exploring Religion, Ethics and Aestthetics, Berlin, Eds Sigurd Bergmann, Heather Eaton, 2011, 272 p.
16 Cf. Sallie MacFAGUE, The Body of God. An Ecological Theology, Minneapolis, Augsburg Press, 1993, p. 16.
17 Sallie MacFAGUE, A New Climate for Theology : God, The World and Global Warning, Minneapolis, Fortress Press, 2008, p. 31.
18 Idem, p. 138.
Source : Pierrette Daviau. « Un vivre-ensemble écospirituel de communautés écoféministes en Amérique du Nord » Chapitre paru dans : Vivre – ensemble. Un défi pratique pour la théologie, Montréal/Namur, Novalis/Lumen Vitae, 2014, p. 261-276.
2015-2016 : Quarante ans de marche et d’espérance
[…] La naissance de L’autre Parole est le résultat d’un « carrefour d’influences », nous rappelle Christine Lemaire. Les féministes, dont les féministes chrétiennes, espéraient changer le monde patriarcal dans lequel nous vivions. Il y a eu les années d’action, de militance, de création. La collective était en effervescence. Lorsque des portes institutionnelles se sont closes, la spiritualité féministe s’est faite créatrice et audacieuse hors de l’institution. Les femmes de différentes croyances se sont tendu la main. Les féministes chrétiennes de L’autre Parole n’étaient pas les seules à ouvrir des espaces nouveaux pour exprimer leur spiritualité.
L’avenir, les rêves, les utopies, nous sommes persuadées qu’ensemble nous allons trouver des solutions pour une société plus juste, plus égalitaire où les femmes peuvent exercer leurs charismes.
Quarante ans, l’âge de la maturité, l’âge de l’approfondissement de sa spiritualité, nous avons vu grand, réécrire rien de moins qu’un des livres de la Bible ! Un événement datant de plus de 3500 ans ! Un texte qui marque l’imaginaire des Juives et des Juifs, un texte qui a marqué Jésus de Nazareth. L’Exode raconte la longue marche de libération d’un peuple, son peuple, un peuple qui voulait un pays où coulent le lait et le miel. […]
Source : Liminaire du numéro 146
2014-2015 : Résistances et solidarités
[…] Ce 143e numéro de la revue est représentatif de notre projet initial… Le vendredi soir, les groupes ont présenté des expériences de résistance et de solidarité. Expériences d’hier et d’aujourd’hui, expériences individuelles ou de groupe, les différentes stratégies sont là. Pour élargir nos horizons, pour marquer nos solidarités, des alliées étaient invitées : Chantal Locat de la Marche mondiale des femmes et Suzanne Loiselle encore à l’Entraide missionnaire à ce moment-là. Enfin, une des nôtres, Pierrette Daviau, nous donne à voir les « femmes résistantes dans la Bible » et comment s’articulent ces « résistances créatives et solidaires sources de libération ».
La célébration est toujours un moment fort de nos colloques, nous partageons celle organisée par le Groupe Phoebé. Les auteures nous appellent à reconnaître « que nos vies ne sont pas toujours en accord avec ce que nous aimerions et demandons à Dieue, la Christa, le courage qui nous manque souvent pour répondre aux appels qui nous sont lancés ». […]
Source : Liminaire du numéro 143
2013-2014 : Le temps des femmes
[…] Manifestement, pour les femmes de L’autre Parole, le temps, ce n’est pas de l’argent. Au contraire, il semblerait que plus le temps est donné, gratuit, plus il a de la valeur. Les visions sont multiples et les préoccupations très typées, très fidèles à la couleur de chaque groupe, tout à fait représentatives des manières d’être et des intérêts de chacune. Telle est L’autre Parole, dans le temps. Nous pouvons donc en conclure, à l’instar d’Augustin d’Hippone : « Vivons bien, et les temps seront bons! C’est nous qui sommes les temps! Telles nous sommes, tels sont les temps. »
Source : Un vendredi soir, dans le temps des femmes
2012-2013 : Le rire de Dieue
[…] Dieue qui rit, c’est la vie qui sourit. C’est la joie qui jaillit. Les bonnes choses qui m’arrivent, les heureuses surprises au détour de mon chemin, je les considère comme des « clins d’œil » de Dieue. Mais c’est la même chose : un clin d’œil n’est-ce pas un sourire de connivence, un partage d’intimité?
Dieue qui rit, c’est l’humour qui nous aide à avaler les pilules les plus amères, c’est la belle faculté de remettre les choses en perspective. Ce rire divin n’est jamais méprisant, il ne cherche jamais à rabaisser. Il est plein de tendresse. […]
Source : Le rire de Dieu…e!
2011-2012 : Le pardon
[…] Si le pardon se fait grâce à notre volonté et demande un effort, est-il toujours souhaitable de vouloir pardonner à tout prix? De fait, nous avons tendance à inscrire cet effort de pardonner dans un rapport au temps qui ne lui est pas naturel, ni approprié. Nous le soumettons de force à un processus linéaire où l’offense tient lieu de point de départ et le pardon, de ligne d’arrivée. Le pardon est alors perçu comme un objectif, une volonté de « tourner la page ». Nous le voudrions franc et net, définitif.
Ainsi, nous pensons y être parvenues quand, soudain, toute notre souffrance et notre colère ressurgissent, nous obligeant à emprunter certains chemins que nous croyions avoir déjà franchis. Un processus de pardon soumis à la linéarité ne peut que susciter de la culpabilité.
Peut-être serait-il plus sage de cesser de vouloir pardonner, et de laisser le temps faire son œuvre. La volonté demeure, mais elle est moins intransigeante ou interventionniste. Elle se contente d’orienter. Il s’agirait de se donner du temps et de laisser à la vie et à Dieue, la possibilité d’agir dans notre parcours.
D’abord, nous aurions le temps de prendre toute la mesure de la blessure causée par l’offense. Combien de fois dans l’histoire des femmes l’offense n’a pas été prise au sérieux? Combien de fois a-t-elle été minimisée? […]
Source : Le pardon pour Bonne Nouv’ailes
2010-2011 : 35 ans de militance et d’écriture féministe
[…] En participant activement au développement d’une théologie féministe, l’action de L’autre Parole s’inscrit dans un mouvement de transformation radicale. Que ce soit en réclamant l’égalité dans l’Église ou le sacerdoce des femmes, en prenant position sur l’avortement ou sur les nouvelles technologies de la reproduction, en abordant des sujets aussi variés que les rapports de sexes, l’homosexualité, la prostitution, le fondamentalisme, la mondialisation, la consommation ou l’environnement, L’autre Parole a porté un éclairage différent à ces questions. Elle a porté une autre parole, une parole autrement dite, sa propre parole de chrétiennes engagées.
Au fil de ses 35 ans d’existence, la collective L’autre Parole a contribué par ses réflexions et ses actions à l’enrichissement du mouvement féministe québécois, dont elle est issue, duquel elle est toujours partie intégrante. Elle a contribué d’une manière unique à la réflexion commune. […]
Source : Les 35 ans de L’autre Parole
2009-2010 : La foi, l’espérance et l’amour
[…] Dans l’expérience juive, la foi apparaît comme une longue marche dans le désert suite à l’appel de « Yahweh » qui a parlé à Moïse au mont Sinaï. La foi est une réponse du peuple à cet « Invisible » qui a dit être leur allié; c’est une attitude développée au cours de maintes expériences de doutes et de retours à la foi donnée à ce « Yahweh » saint et exigeant. Les prophètes seront là, dans cette histoire des Israélites, pour leur rappeler la Parole qui leur a été adressée. Le Nouveau Testament va plus loin dans l’intériorisation de cette attitude de foi : c’est une conversion, c’est-à-dire un changement profond de l’être qui est offert dans la présence, le message et l’action de Jésus. Les disciples, femmes et hommes, comme Marie de Magdala ou Simon Pierre sont les témoins de cette expérience fondatrice du christianisme. Et cette attitude se fonde sur une décision libre de notre part, sous l’inclination ou l’impulsion de l’Esprit. Telle est l’expérience chrétienne de la foi : une réponse confiante et engagée à ce « Dieu » qui fait alliance avec nous dans l’événement de Jésus fait Christ, par qui l’humanité entière est convoquée à l’union de l’humain et du « divin ». La foi théologale consiste à s’appuyer sur l’invisible, solide et bienveillante Réalité qu’on nomme Père/Mère, et à répondre à sa Parole telle que prêchée et montrée dans l’histoire de Jésus de Nazareth. C’est une manière particulière de vivre dans la confiance et de nous appuyer sur un sens qui dirige ou oriente notre vie.
Source : La foi théologale
2008-2009 : Consommation et spiritualité – un regard féministe
[…] Comme chrétiennes féministes, il me semble que notre positionnement serait celui d’une résistance sociale et politique en solidarité avec d’autres groupes qui ont une vision ouverte de l’être humain, une vision spirituelle, au-delà de ses purs besoins matériels, une vision globale aussi des humains autant par rapport à leur environnement qu’à leur développement dans l’histoire. Je considère que notre réflexion éthique doit fournir un horizon d’espérance et d’imagination à notre engagement avec les femmes, avec leurs réalités concrètes, sans stagner dans des positions conformistes et à courte-vue. Et cela requiert un travail d’information, de communication qui réveille la conscience de nos citoyens et citoyennes. Ensuite, il faut trouver des stratégies adaptées à nos contextes pour que puisse s’incarner « l’annonce d’un monde selon Dieu ».
Source : Pour une éthique féministe chrétienne de la « surconsommation »
2007-2008 : Identité, diversité et religion : un regard féministe ou L’expérience d’être l’autre
oeuvrer ensemble à l’humanisation du monde, dans le respect des différences, de la diversité des cultures et des croyances
Source : numéro 120
1995-1996 : Ekklèsia des femmes
[…] Et oui, il n’y avait là que des femmes. Effectivement, nous avons eu la prétention de former une ekklèsia. En effet, nous avons eu l’audace de partager le pain et le vin en mémoire de Lui. Et pourquoi pas ? Qu’est-ce qu’il y de si désastreux pour l’opinion publique que des féministes chrétiennes aient au coeur et à l’intelligence une Autre Parole. Il me semble qu’à l’aube du 2e millénaire, chacun de nous devrait dénoncer, haut et fort, la soumission silencieuse de nos filles, de nos mères et de nos grands-mères. Celles-ci troquent, depuis que le monde existe, leur sécurité, leur dignité et leur personnalité au profit de la domination patriarcale.
Source : L’autre Parole a 20 ans