UN MOT SUR LA BEATIFICATION DE MARIE-LEONIE
par Lyne Monfette
Au moment où Jean-Paul II quittait le Québec pour visiter le reste du Canada, j’entendais un prêtre de ma région qualifier la béatification de Marie-Léonie en termes de cadeau du pape. En moi, immédiatement, il y a quelque chose qui réagissait mal à ces propos. Je me suis demandé dans quelle mesure ce n’était pas un cadeau empoisonné justement… Honorer des gens d’ici pour leur rayonnement, leur travail, et même les béatifier, peut avoir du sens. Toutefois, je ne peux m’empêcher de scruter avec mon être de femme, les motifs d’une béatification comme celle de Marie- Léonie.
Bien sûr, Jean-Paul II a souligné les services très appréciables qui; les communautés religieuses de femmes ont rendus de tout temps, sous diverses formes, à la société d’ici. Par contre, la communauté des Petite; Soeurs de la Sainte-Famille a ceci de particulier: sa vocation est de servir les prêtres afin de les libérer pour leur travail. Or c’est ici que les notions de service se heurtent et deviennent bien ambiguës (à ce sujet, Monique Dumais a rédigé un excellent article dans le dernier numéro de L’autre-Parole, no 24, mai 1984, « Service sans pouvoir pour les femmes dans l’Église »).
Il est possible, à mon avis, que des individus ou des groupes spécifiques aient quelque chose à apporter de différent et de complémentaire à l’Église. Dans un respect des différences, un mouvement peut grandir et ainsi devenir plus riche. Il en est ainsi pour l’Église lorsqu’elle saura accueillir entièrement les femmes qui veulent participer activement à la vie d’Église dans toutes ses sphères.
Pour en revenir à Marie-Léonie, je dois avouer que j’ai la forte impression que Jean-Paul II et ses collaborateurs, par cette béatification. me ramènent comme femme et nous ramènent collectivement S un modèle chéri par le Vatican, entre autres, de FEMME effacée, cachée derrière un GRAND HOMME… Nous somme convoquées à « donner notre vie pour Dieu » en la passant à des tâches de moindre importance. Je n’ai pas de mépris pour celle qui reprise les bas, ni pour le travail en lui-même car le travail manuel
est nécessaire mais je sais qu’entre celle qui les reprise et celui qui les porte, il y a la « délicate » question du pouvoir…et c’est le grand débat qui se poursuit.
Lorsque je repriserai les bas mais qu’il me sera ÉGALEMENT possible de les porter (avec quel habit, je ne sais trop encore.. .), un grand bas…oups!…un grand pas sera fait dans notre Église.