UNE ESPÉRANCE QUI S’ENTÊTE A REBONDIR

UNE ESPÉRANCE QUI S’ENTÊTE A REBONDIR

Ghislaine Roquet, C.S.C..

Je suis de l’Église « pour le meilleur et pour le pire ». A aucun moment, les contradictions que j’y ai vécues n’ont pu toucher cette appartenance essentielle… mais souvent décevante !

Comme laïque et comme femme, j’ai vécu dans mon Eglise des périodes de grand espoir… invariablement suivies de longues périodes de recul et même de stagnation.

Ma jeunesse en Église a été celle d’une militante lai’- que dans l’action catholique… J’y ai appris la responsabilité, l’engagement, la référence constante au Jésus de l’Évangile, le sens social chrétien. J’ai cru que l’Église avait pris enfin un tournant irréversible et j’étais toute disposée à remplir pleinement mon rôle… C’est dans cet esprit que j’ai engagé ma vie toute entière au service de Dieu et de l’Église…

Mais quelle inquiétude et quelle souffrance de voir éclater l’action catholique étudiante… et de pressentir que nous allions « perdre » la jeunesse .’

Mon âge mûr a connu les avancées du Concile et les grands espoirs d’une modification en profondeur de la structure de participation et de responsabilité dans l’Eglise. Mais vingt ans après le Concile, les mentalités et les pratiques n’ont pas vraiment changé. De nouveau, les élans sont retombés, les structures se sont sclérosées… Quelques « chantiers » pleins de vie sont apparus ici ou là, mais ils me semblent encore si marginaux…

Ce que je cherche aujourd’hui dans mon Église ce sont les signes d’un renouveau véritable dans le rôle des laïcs (y compris les femmes laïques et religieuses). Ces signes, je les vois surtout dans les initiatives des femmes d’ici, ou des groupes mixtes d’hommes et de femmes qui, sans appui et sans autorisation de la hiérarchie ou des clercs, suscitent des cellules de vie, des services, des mouvements encore dispersés et peu connus. Si ces mouvements ou ces cellules pouvaient se regrouper et prendre conscience de leur originalité et de leur force, ils pourraient avoir un effet d’entraînement sur nos paroisses, nos communautés religieuses, nos diocèses…

Pour ma part, je collaborerai de toutes mes forces à un SOMMET des femmes dans l’Église qui nous rendrait enfin visibles et « écoutables ». Et je serai heureuse de soutenir aussi un SOMMET des laïcs et laïques.

Il nous faudra sans doute répéter souvent des gestes comme ceux-là pour prendre conscience nous-mêmes du dynamisme et de la puissance qui sont les nôtres, et pour imposer progressivement une autre réalité, une autre Église que celle où nous vivons en spectatrices et en éternelles « Pénélopes ».