UNE GRANDE DOULEUR
Rita Hazel – Myriam
Le 6 décembre dernier, un jeune homme s’est introduit dans l’École Polytechnique (Université de Montréal); armé d’un fusil mitrailleur, il a fait évacuer les étudiants d’une salle de cours pour n’y garder que leurs consoeurs, dont il a abattu un certain nombre, après avoir affirmé qu’elles étaient des féministes et qu’il détestait les féministes. Puis, parcourant corridors et autres salles, il a répandu la douleur, le sang, les blessures et la mort; il s’est enfin suicidé. Bilan: quatorze femmes tuées et treize personnes blessées, dont certaines grièvement; trois nommes ont été touchés.
Dans la poche de l’individu, un message: sa vie est insupportable depuis plusieurs années, il en veut particulièrement aux féministes qui ont gâché son existence… et une liste: les noms d’une quinzaine de femmes connues dans les domaines des communications et de la politique, des syndicats et de la police.
Notre coeur saigne encore pour ces jeunes femmes dont plusieurs allaient incessamment obtenir un diplôme d’ingénieure, pour la souffrance de leurs familles, et… pour de multiples raisons plus difficiles à cerner.
Nous avons besoin de silence.
Le Québec, et en particulier la société montréalaise, a vécu douloureusement ce drame, avec stupeur. Journaux et mass media ont été inondés de reportages, d’analyses, de commentaires et de courrier. Tout a défilé: depuis la violence à la télé jusqu’à la condamnation du droit à l’avortement, en passant par les injustices sociales, le féminisme, la possession d’armes à feu, l’attitude et le discours de l’Église…
Nous avons besoin de silence.
« Heureusement, me dit Yvette, que nous possédons l’espérance chrétienne!
-Et qu’est-ce que l’espérance chrétienne peut bien nous apporter, dans toute cette horreur?
-Elle nous rappelle que toute mort, si absurde qu’elle semble, comporte une promesse de fécondité, de renouveau, de nouvelle vie… »
Un jour, peut-être, une analyse approfondie nous aidera à comprendre où nous en sommes dans nos relations femmes/hommes.
Nous y reviendrons.
Peut-être.