Liminaire
Une grande Rencontre et non un congrès académique, une Rencontre où chaque femme participante pourrait s’exprimer, se laisser vibrer et partager selon les appels entendus et ressentis intérieurement, voilà ce qui était recherché. C’est du 9 au 12 juin 2005, à Montréal, dans les locaux du vaste collège Jean-de-Brébeuf qu’a eu lieu cet événement exceptionnel organisé par Des Femmes font de la théologie, cette Rencontre spéciale sur le thème: «Créons la justice, reconnaissons les différences/Creating justice, recognizing differences».
Le défi était immense : permettre un rendez-vous de femmes de cultures variées, de spiritualités diverses. Le plus merveilleux, c’est qu’il a été relevé. Sous la symbolique du fleuve Saint-Laurent, le Magtogoek en langue mohawk, des femmes ont afflué de tous les coins du Canada, a mare us-que ad mare pour cette Rencontre. Reconnaître les différences, c’est comme un fleuve qui reçoit de l’eau, la Vie, de différentes rivières, petites, grandes, qui conjuguent leurs capacités pour devenir un fleuve aux eaux puissantes, parfois tumultueuses. Créer une justice raciale, c’est découvrir avec d’autres, nos voisines, celles que nous rencontrons sur notre route, que nous avons des racines semblables, que nous sommes toutes des êtres humains qui avons besoin de liberté et de toutes les choses nécessaires à la vie humaine. C’est creuser ensemble dans notre terreau humain pour admirer nos racines, les bien rechausser pour qu’elles produisent feuilles, fleurs et fruits. La variété des ateliers et des soirées a offert un vaste rivage pour partir ensemble vers de nouveaux horizons.
Des femmes font de la théologie/ Women Doing Theology. C’est le nom de notre groupe, car ce qui est visé, c’est un faire avec la divinité, c’est l’exploration de nos champs et chants de spiritualité. Une spiritualité qui n’est pas seulement chrétienne, mais aussi pleine du souffle de la foi autochtone, du judaïsme, du bouddhisme, de l’hindouisme, de l’islam et autres inspirations.
Organiser un tel événement a demandé beaucoup de temps, de patience, d’écoute, de recherche de consensus. De nombreuses épreuves ont dû être surmontées pour travailler ensemble avec des mentalités différentes, alors que nous ne nous connaissions pas. Il a fallu plusieurs rencontres pour prendre des décisions, les gommer, puis les récupérer ensuite pour le meilleur et pour le pire. L’efficacité s’est retrouvée souvent à la porte, car il nous importait de prendre le temps de nous écouter même si nous ne parvenions pas toujours à nous comprendre complètement. Nous avancions malgré tout, faisant le pari que nous parviendrions à un résultat qui dépasserait nos attentes. Une foi sans défaillance, une espérance qui apparaissait téméraire et une générosité de coeur nous ont guidées tout au long de ces préparatifs qui ont duré près de deux ans et demi.
L’amplitude de notre désir et la joie de nous retrouver avec toutes nos différences, nos idées souvent opposées nous ont gardées en pleine vitalité et à la recherche d’une façon de vivre, avec tolérance et plénitude.
La collective L’autre Parole a apporté une contribution de grande qualité à l’événement grâce à la présence au comité organisateur de Denise Couture, Denise Nadeau, Paule-Renée Villeneuve, moi-même, ainsi que de Fatiha Gatre-Guemiri de la Grappe féministe et interspirituelle. Signalons aussi l’apport du groupe Phoebé qui a su donner au rituel d’ouverture une vraie couleur québécoise en interprétant des chants du terroir.
Ce numéro de L’autre Parole offre donc toute une variété de points d’eau, de jaillissements, de fluctuations, de vagues, de torrents, et bien d’autres effets fluides qui sauront toujours nous parler.
Monique Dumais
Houlda