Le rire de Dieue – En août 2012, l’une de nous a eu l’audace de présenter le sujet et finalement, elle a rallié le groupe. En fait, j’ose dire que si nous avons dit : « Oui! », c’est en pensant que cela serait plus simple, plus facile, plus amusant à préparer que le travail sur le pardon qui avait occupé nos travaux des derniers mois.
Il y a toute une industrie du rire et de l’humour au Québec, elle a son école… une vraie. Plusieurs de nos humoristes les plus connus sont des diplômés de cette école. Mais alors, y a-t-il autre chose? Et que dire du « rire de Dieue », l’angle que nous avions choisi. En décembre 2012, Relations a publié un dossier intitulé : « Le rire : banal ou vital? » C’est là tout un programme.
De notre côté, les réflexions ont pris toutes sortes de chemin… Rarement la production a-t-elle été aussi diversifiée… C’est une première exploration, un premier déblaiement, des pistes sont lancées. Les résultats surprennent et ouvrent un nouveau regard sur le rire.
Nous débutons ce dossier avec une poésie du groupe Tsippora. Si nous remontons la trame du colloque, la première session du vendredi soir nous a permis de sentir le rire dans notre corps. Par la suite, des femmes et des groupes de la collective ont présenté leurs réflexions sur le rire, lesquelles sont reprises ici. Si l’un des groupes a choisi l’humour, un autre a pris le dossier très au sérieux. Elles sont allées interviewer quatre femmes de chez nous, quatre femmes « impliquées et agissantes ». Elles souhaitaient une interpellation de leur part pour nous aider à aller plus loin, car le rire est une affaire sérieuse. Mesdames Suzanne Loiselle, Vivian Labrie, Élisabeth Garant et Lorraine Guay ont généreusement accepté de partager avec nous, avec vous ce que ce thème a fait surgir chez elles. Pour l’une, Dieu est mystère, Dieu est mystère qui séduit, nous provoque, nous interpelle, nous fait dire oui à l’humanité. Dieu se réjouit dans la solidarité et la résistance, entre autres des femmes, disent-elles. Et il y a le rire jaune devant les injustices, les abus à l’égard de certains peuples, mais l’espérance nous amène à vouloir agir. L’une a plongé dans la Bible rappelant les quelques rares exemples qu’on y retrouve. Elle s’attarde à Sara et parle du rire qui « ouvre des possibilités de vie et c’est par lui que Dieu se manifeste. » Le rire pour espérer l’impossible chez les peuples qui souffrent. Là aussi, tout un programme.
Un survol historique est présenté dans Pourquoi Dieu ne rit-il pas? Rire divin, rire diabolique, rire humain, tout y passe. Mais pourquoi cette méfiance à l’égard du rire? Est-ce parce que pour les humains, le rire n’est jamais joie pure puisqu’il y a toujours leur finitude à l’horizon? Quand le rire a-t-il pris la tangente du rire diabolique? Les Pères de l’Église seraient coupables. Après une conception positive dans l’Antiquité, nous arrivons à une conception négative du rire. La finale de ce texte est dans l’espérance du jour.
Notre célébration, sur le thème du grand jardin à cultiver, a vu naître trois chants nouveaux : Où est le rire de Dieue? en ouverture et Dieue en clôture et un autre en slam. Les réécritures bibliques faites lors du colloque sont intégrées à la célébration.
Pour clore ce numéro, nous vous invitons à replonger dans la poésie. Cette fois, Filles d’Ève, un poème pour vous, pour nous toutes en ce mois de mars qui célèbre la Journée internationale de la femme. Vous pourrez le lire, le relire et l’entendre si vous suivez le chemin proposé.
Reprenant les mots du chant d’ouverture de la célébration, je vous souhaite de trouver le rire de Dieue, car :
Il est dans le présent
Il s’entend maintenant
C’est de nous qu’il dépend
Chaque jour en tout temps.