CÉLÉBRATION DE L’EKKLÈSIA DES FEMMES
Marie RoseMajella – Vasthi
Célébration à plusieurs voix
Accueil
La salle de la célébration est dans la pénombre, seule la flamme du cierge pascal illumine la pièce. Pour aider au recueillement, le violoncelle se fait entendre.
Les femmes sont accueillies une à une. On remet à chacune une pierre et uncierge allumé au cierge pascal. Elles forment alors un cercle.
Première voix – à chaque femme:
« Bienvenue à l’Ekklèsia des femmes. »
Deuxième voix:
« C’est en tant qu’Ekklèsia des femmes que nous célébrons. »
Première lecture:
« Ballade des exilées » 1
Troisième voix:
« Nous sommes des féministes chrétiennes solidaires de toutes les femmes, nous luttons pour la libération de l’ensemble des femmes. Autour de nous des femmes sont violentées. Nous-mêmes, nous recevons des pierres; nos soeurs, nos voisines, nos amies, chaque jour sont lapidées. Jésus a changé des choses en empêchant la lapidation de la femme adultère. Les paroles de Jésus nous interpellent et ce soir, chacune est invitée à dénoncer comment les femmes sont lapidées en lançant sa pierre dans le seau au milieu du cercle.
Chacune s’avance et lance sa pierre dans le seau après avoir dénoncé un type d’oppression que les femmes subissent et qui lui est particulièrement inacceptable. Un bref moment de silence suit la dernière intervenante.
Le pardon
Troisième voix:
« Nous avons dénoncé l’exploitation que subissent les femmes, par cette pratique, nous avons commencé à changer le monde. Par ailleurs, il faut beaucoup de force et de courage pour lutter à chaque jour. Cette force et ce courage ne sont pas toujours au rendez-vous. Partageons ensemble ces moments de démission, de lassitude qui font que nous n’allons pas jusqu’au bout de nos aspirations. »
Celles qui le désirent partagent un de ces moments qu’elles ont vécu comme un manque de solidarité dans leurs engagements.
Troisième voix:
« Maintenant que nous nous sommes dit nos faiblesses, nos limites, donnons-nous le signe de la paix. »
Chacune reçoit l’accolade de toutes les participantes.
Construire un monde nouveau
Quatrième voix:
« Pour symboliser son engagement, chacune est invitée à reprendre une pierre, à l’envelopper d’un papier métallique et à la déposer autour du cierge pascal pour marquer sa volonté à construire YEkklèsia des femmes. En plaçant sa pierre transformée, chacune nomme à haute voix, soit un lieu d’engagement, soit une personne à qui elle veut tendre la main, soit une situation qu’elle veut essayer de changer durant l’année.
Deuxième voix:
« Ces pierres qui nous ont servi à dénoncer les oppressions que subissent les femmes, sont aussi là pour signifier la lutte pour la construction d’un monde nouveau, d’une nouvelle Ekklèsia . Nous ne sommes pas seules et isolées, ensemble nous travaillons. Aujourd’hui, nous avons travaillé ensemble, nous avons construit ensemble, nous avons été transformées par la parole.
Présentation des écritures collectives
1 ÉCRITURES COLLECTIVES
Réparties en trois ateliers d’écriture, nous avons tenté d’exprimer une certaine interprétation collective de la dynamique propre à la théologie féministe telle que présentée par D. Couture.
Raconter – Soupçonner – Changer
Groupe Bonnes Nouv’ailes
Raconter
Renoncer à la confortable habitude d’absence de mots pour dire « la lucidité rouge d’une blessure ouverte' »2
Accepter d’envisager cette blessure, accepter qu’elle existe, accepter qu’elle me fasse mal.
la regarder avec tendresse
comme une mère, son petit
la regarder avec courage
comme qui décide de grandir
et regarder les autres
comme moi, blessées d’une blessure ouverte
la revivre avec les autres, afin de la revivre pour soi
la revivre avec les autres, afin de faire la paix avec soi.
Et décider de guérir, parce qu’on est allé au bout de sa blessure, qu’on la comprend.
Décider de grandir parce qu’on a reçu la force qu’il faut pour le faire.
Décider d’avancer parce que sa blessure, et le regard des autres sur sa blessure nous y poussent, à présent.
Emprunter des chemins de beauté et d’amour; savoir s’émerveiller, confiantes comme l’enfant.
Soupçonner
Résister aux mots « qui sèchent »3
aux beaux langages dépourvus de vécu
aux comportements qui séduisent et qui trompent
aux discours creux de vérité
aux regards qui méprisent
aux gestes qui ordonnent
aux paroles qui blessent
aux chemins tracés d’avance
aux lignes droites
aux couleurs crues sans jamais de nuances
aux interprétations qui font fi de la vie
aux manipulations qui font fi du respect
aux insinuations qui nous voudraient autres
aux traditions qui semblent incontournables
aux structures qui semblent de béton
mais surtout résister à soi-même afin de ne pas lâcher…
Changer
Reconnaître « des brides de comportement d’une femme » et l’imaginer « à la recherche ou en proie ».4
À la recherche d’une autre parole, en proie d’une libéralisation, vers la reconnaissance de notre asservissement et de sa déconstruction.
S’imaginer qu’elle est en marche, espérer que nos chemins, bien que différents, se rencontrent.
Partager (‘aujourd’hui et sa charge de libération.
Vivre le ici, maintenant, en parfaite communion. Avec notre solidarité de féministes et de chrétiennes.
Et sourire à cette femme et l’accueillir comme une soeur.
Et chanter et rire avec elle parce qu’il y a en nous ce mouvement, cette « âme ».
Célébrer…
2 Écritures collectives…
Lettre de L’autre Parole
À nos soeurs d’ici et d’ailleurs
Groupes Rimouski et Vasthi
Réunies en Ekklèsia
à Beauvoir,
communauté fragile et balbutiante,
nous osons vous communiquer
nos espoirs et nos doutes.
Éprises de libération,
promesse inscrite dans la Tradition chrétienne,
nous choisissons de nous regrouper
afin de créer des espaces de liberté
qui nous permettent
de vivre audacieusement
notre quête de Dieue.
Notre marche de libération est remplie d’embûches:
– l’asphyxie par le système patriarcal
– l’autocomplaisance
– l’instauration d’un nouveau dogmatisme au féminin.
Notre détermination à travailler ensemble
génère un renouvellement
de notre regard et de notre manière de penser.
La participation pleine et entière de chacune
est une condition essentielle
à la construction de cette nouvelle Ekklèsia.
Nous voulons demeurer vigilantes
à maintenir les questionnements
refusant le confort des systèmes dominants.
Telle est notre ouverture en femmes majeures.
Joie et sororité
à toutes !
3 Écritures collectives…
Le prince Réverbère
ou
Une sombre histoire brillante d’actualité
Groupe Myriam
Un Réverbère régnait sur une toute petite planète.
Il se suffisait à lui-même.
Un jour, en coup de vent, arrive une allumeuse, véritable feu roulant
Qui n’a de cesse qu’elle n’ait allumé tous les réverbères de la planète
Le prince Réverbère en prend ombrage… et s’assombrit:
Son oeil devient terne, son teint blafard!
Voici qu’il tremblote, vacille, faiblit mais ne s’éteint pas.
« Quelle est cette sorcière qui me fait pâlir ? »
À cette seule idée de côtoyer une sorcière
II se transforme en dragon qui crache le feu;
D’un coup de queue, il balaie tous les réverbères
Et chasse l’allumeuse de sa planète.
Brusquement foudroyée, celle-ci se ressaisit l’instant d’après
Et va chercher réconfort dans le clan des allumeuses
Qui, aussitôt, lui réclament le récit de son aventure.
Elle raconte.
Le prince Réverbère leur paraît vite suspect…
Rapidement, le soupçon s’installe. Il ne les quittera pas.
Jamais plus, jure l’allumeuse, elle ne se risquera sur une planète
où règne un prince Réverbère!
Dorénavant, elle consacrera ses énergies
À porter ailleurs sa chaleur et sa lumière…
Mot de la fin
Chacune est invitée à rapporter avec elle une pierre qui lui rappellera nos projets, nos solidarités.
Musique-
W. Fernandez, « La Diva « .
*Célébration inspirée par la célébration d’envoi « La pierre transformée » – Association des religieuses pour la promotion des femmes, Assemblée générale des 10-11-12 mai 1991.
1 C.f. Marie Gratton-Boucher, « Ballade des exilées, inspirée du psaume 137 », dans « Oui à l’ordination des femmes », L’autre Parole, no 43, sept. 1989, pp. 25-26.
2 Extrait de: Francine Déry, Le Noyau, Éditions du Noroît, Québec, Canada, 1984, 92 pages.
3 ibid.
4 Ibid.