À la mémoire de Denyse Joubert-Nantel
Le 22 septembre 1993 décédait notre soeur, notre amie Denyse Joubert-Nantel, membre du groupe Vasthi de Vautre Parole depuis une dizaine d’années. Sa mort nous a bouleversées et aujourd’hui encore nous vivons en deuil de ce départ précipité.
Cette femme talentueuse, originale, parfois même extravagante, était dotée d’une grande sensibilité et d’un remarquable sens de l’accueil. Nous conservons un souvenir ému des rencontres que nous avons eues chez elle, autour de sa table somptueuse ou dans son salon où s’accumulaient pêle-mêle tapis, tableaux, bibelots et beaux objets. Elle avait un sens inné de la fête et du rituel qu’elle nous communiquait avec enthousiasme.
Cette belle femme avait des élans pleins de contradictions. Elle avait aimé les mondanités et apparaissait parfois nostalgique des prérogatives d’une bourgeoisie qu’elle avait connue. Elle s’insurgeait par ailleurs contre les injustices, le sexisme et la violence qui se manifestent dans l’Église et la société.
Cette femme racée, impulsive, imprévisible appréciait les concertos pour violoncelle de Bach, les fromages bien chambrés et les longues baignades dans les eaux du lac des Sables à Sainte-Agathe .Elle aimait ses enfants, se montrait préoccupée de leur bonheur. Elle affectionnait les voyages à l’étranger, les défis au tennis et tout ce qui pouvait parvenir à lui faire oublier, pendant un temps, son mal de vivre.
Nous l’avons connue tantôt rieuse, chantante, froufroutante,
tantôt décidée, affairée, entrepreneuse,
tantôt sensuelle, gourmande, charmeuse,
tantôt secrète, blessée, douloureuse.
Cette femme extravertie aux allures de grande causeuse se faisait discrète sur les peines et les souffrances qui sillonnaient sa vie. Nous l’appelions la poétesse de L’autre Parole parce qu’au fil des ans, elle avait rédigé des textes superbes qui nous aidaient à méditer et à prier. Ils traitent de la Création du monde, de Marie la mère de Jésus, du Magnificat, de la sororité, de la violence faite aux femmes, etc. Lors de nos célébrations, elle nous les lisait avec éloquence, émotion et intériorité. Son verbe riche, évocateur traduisait admirablement bien nos sentiments, nos angoisses et nos espoirs. Ces textes, nous les avons tous publiés dans notre Bulletin.
Aujourd’hui, à fin de témoigner de notre affection pour cette femme généreuse et émouvante, de conserver vivant son souvenir et de partager avec nos lectrices et nos lecteurs le trésor de créativité et de spiritualité qu’elle nous a légué dans ses écrits, nous avons décidé de les réunir et de les publier dans un tiré à part. Nous vous les offrons en mémoire d’elle, puissent-ils vous inspirer.
Marie-Andrée Roy pour le collectif L’autre Parole