Liminaire
Jouir de la liberté !
Jouir et liberté, quels vocables suggestifs
Savourer la caresse discrète de la brise
S’enivrer de la mélodie du choeur aux mille voix de la gent ailée
Suivre le vol tout en arabesques d’une abeille ouvrière
Écouter pousser l’herbe verte qui s’abreuve de rosée
Se perdre dans l’azur profond de la voûte éthérée
Surprendre la noire fourmi dans son voyage d’affaires
Répondre au sourire de la marguerite épanouie
Admirer l’oeil d’or de l’humble pissenlit
Cueillir avec tendresse l’églantine habillée de rosé
Entendre le coeur de la vie qui bat dans l’araignée tisserande
Tomber en amour avec un simple caillou
Surprendre l’écureuil roux jouant à cache-cache dans l’érable du jardin
Savourer une baie charnue cueillie au passage
Humer à pleins poumons l’odeur capiteuse du pré en fleurs
S’engager dans le sentier mystérieux d’un sous-bois ombragé
Écouter le crissement de ses pas sur le gravier de la route
Se laisser bercer par le murmure cristallin d’un ruisseau
Saluer à bout de bras le retour matinal du soleil
Danser sous l’averse qui étanche la soif de la glèbe
Rêver sous les étoiles qui chuchotent dans la nuit
S’amuser à lire son destin dans les nuages
Épouser la vie dans toutes ses richesses
Communier à la musique du monde
Laisser le silence révéler le secret des choses
Moduler sa respiration au rythme de l’univers
S’abandonner à l’explosion aux mille facettes de son imaginaire
Se laisser habiter à plein bord par l’émotion qui agrandit le coeur
Élargir son espérance à l’étendue de l’horizon
Vivre pleinement la simplicité du quotidien
S’éveiller à neuf au mystère de son entourage
S’habiller le coeur de délicatesse pour se rendre à un simple rendez-vous
Revisiter ses amitiés de longue date
S’étonner soudain devant un visage qui nous était pourtant familier
Refaire de semblables gestes, jour après jour,
qu’est-ce à dire sinon jouir de la liberté !
Voici l’été !
Voici les vacances !
Que la vie s’habille de fête
Et que la fête commence
YVETTE LAPRISE, PHOEBÉ