Liminaire
« Voici que le Soleil, comme, un fleuve de miel sur les sables, livre le jour » (Citadelle)
Qui que tu sois, lectrice ou lecteur, t’es-tu déjà arrêté à sonder la mystérieuse emprise du soleil sur l’univers ?
Que sais-tu, par exemple, de son mariage avec la terre d’où sortent les arbres sur lesquels éclatent les bourgeons, s’ouvrent les fleurs, se forment mille et une graines multipliant la vie aux quatre coins de la planète ? Que sais-tu de l’aube qui chasse la nuit et tes rêves à grands coups de balai et du crépuscule qui embrase l’horizon de tes désirs ? Que sais-tu de la mystérieuse alchimie qui fait perler la rosée du matin et se distiller la fraîcheur d’un nouveau jour ?
Pour inaugurer la saison estivale, que dirais-tu de partir à l’aventure sous l’oeil complice et conspirateur de ce grand magicien ?
Oui, partir….
Partir où va la route, sans but précis, sans itinéraire planifié. Déambuler librement, en nous arrêtant pour écouter la poésie qui se cache au coeur des êtres, fouiner, flairer, sentir, humer, respirer à pleins poumons… sachant qu’il n’est de paysage découvert que là où nos pas nous ont conduits. Partir où va le vent… le vent qui n’a ni poids, ni odeur et qui pourtant existe puisqu’il courbe les arbres, fait onduler les épis mûrs et soulève par vagues successives les flots mouvants de la mer. Partir où va le torrent qui dévale des crêtes montagneuses dans un bouillonnement sans fin… La joie qui l’anime n’est pas d’aboutir au lac tranquille mais bien de se mesurer aux rochers qui lui barrent la route. Partir vers le désert où habite le silence qui seul révèle la vérité de l’être.
Prendre la route, suivre la mer, accompagner le torrent ou s’enfoncer dans le désert, peu importe. Il s’agit d’écouter son coeur avec ses appels, ses pentes, ses sollicitations ou ses refus.
En chacune, chacun d’entre nous réside un être en sommeil. Il n’en tient qu’à nous de libérer cet être en nous ouvrant comme les nénuphars qui, un beau matin, s’offrent gracieusement au regard pénétrant de l’Astre qui leur a donné de naître.
Bon Été Plein Soleil !
YVETTE LAPRISE, PHOEBE